TRUNCUS ARTERIOSIS

Truncus arteriosus :

Les anomalies cardiaques passent souvent inaperçues. Elles se manifestent pourtant par un retard de croissance, ou un mauvais état général de l’animal. Des cliniciens de l’école vétérinaire de Nantes (Oniris) étudient ces anomalies cardiaques depuis plus de 10 ans. A ce titre, l’apport de l’échographie du cœur, spécialité développée à Oniris, est crucial. Leurs travaux ont récemment permis à l’ONAB de démontrer l’existence d’une nouvelle anomalie génétique dans la descendance d’un taureau Holstein.

Chez le bovin, le diagnostic précis des malformations cardiaques complexe est rarement effectué car le devenir des animaux est sombre et les frais engagés n’en valent pas la peine. Cependant, il est important de reconnaître rapidement et le plus complètement possible ces anomalies, car elles peuvent avoir des répercussions sur les programmes de sélection génétique. C’est notamment le cas lorsqu’un type de malformation cardiaque se retrouve dans la descendance d’un unique taureau et pointe vers une origine génétique.

Le Truncus arteriosus (TA) est une anomalie cardiaque conotroncale, rare, observable dès la naissance. Elle est consécutive à un défaut de développement du cœur consistant en l’absence ou à un défaut de division du tronc commun aortico-pulmonaire embryonnaire en deux gros vaisseaux cardiaques qui deviendront l’aorte et le tronc pulmonaire. Ce tronc commun peut se situer au niveau du ventricule droit, du ventricule gauche ou du septum inter-ventriculaire assurant la circulation sanguine des flots systémique, pulmonaire et coronaire. Le TA est souvent associé à d’autres malformations cardiaques, la plus fréquente étant une communication inter-ventriculaire (CIV).

Le TA chez les bovins est rapporté de façon sporadique dans la littérature vétérinaire (10 cas répertoriés dont 8 post-mortem et 2 ante-mortem par échocardiographie) et fortement suspecté d’être héréditaire.

Depuis 2015, Oniris a observé cette anomalie chez 4 descendants (2M, 2F) d’un même taureau, taureau pour lequel deux cas de strabisme ont aussi été observés. Suite à ces déclarations, l’ONAB a alors étudié le taux de mortalité moyen sur la période 0 à 6 mois des veaux du taureau suspecté. Il s’est avéré qu’il se situait dans les 1% les plus mauvais de sa race pour ce critère avec environ 20% de morts contre 11 % en moyenne pour les taureaux Holstein (données Institut de l’Elevage).

Des études génomiques sont en cours. L’intervalle chromosomique contenant la mutation a été repéré. Les analyses actuelles visent à identifier la mutation à partir des données de séquençage du génome complet d’un individu atteint.

D’après les informations à notre disposition, cette mutation dominante serait apparue spontanément chez le taureau au cours de son développement embryonnaire et la prévalence de l’anomalie serait d’environ 1/8ème de veaux atteints dans sa descendance.

 

Présentation de ces cas :

Dublin, 2016 (Congrès vétérinaire WBC)

Rennes, 2017 (Space)

La publication :

F. Besnard,1,2* H. Leclerc,2,3 M. Boussaha,2 C. Grohs,2 N. Jewell,4 A. Pinton,5 H. Barasc,5 J. Jourdain,2,3
M. Femenia,2 L. Dorso,6 B. Strugnell,7 T. Floyd,8 C. Danchin,1 R. Guatteo,6 D. Cassart,9 X. Hubin,10
S. Mattalia,1,2 D. Boichard,2 and A. Capitan2,3* Detailed analysis of mortality rates in the female progeny of 1,001
Holstein bulls allows the discovery of new dominant genetic defects

. Dairy Sci. 106
https://doi.org/10.3168/jds.2022-22365